14-15 avril 1943 : l’incroyable épopée de deux mitrailleurs alliés
Dans la nuit du 14 au 15 avril 1943, un Stirling MK I dont le code radio est MG-E est abattu par un chasseur de nuit de la Luftwaffe près de Saint-Souplet-sur-Py dans le département de la Marne. Cet appareil qui appartient au 7e squadron Pathfinders ( éclaireur de cibles) a décollé le 14 avril 1943 à 21 heures du terrain d’Oakington en Grande-Bretagne. Il est l’un des 462 bombardiers missionnés pour la frappe massive sur les zones industrielles de Stuttgart.
C’est sur la route du retour peu après 2 heures que l’appareil est touché et le pilote, le sous-lieutenant Taylor, ordonne à l’équipage de sauter en parachute. Tous les aviateurs vont être sains et saufs mais cinq d’entre eux sont faits prisonniers. Le bouclage rapide du secteur du crash par l’armée allemande l’explique.
Le pilote blessé est appréhendé tout comme le navigateur, le commandant Lunney qui est blessé, le bombardier l’adjudant Neiss, le mécanicien le sergent Smith, l’opérateur radio mitrailleur le sergent Morley. En revanche, les deux autres membres de l’équipage, le mitrailleur supérieur et le mitrailleur de queue demeurent introuvables. Il s’agit du sergent-chef canadien Douglas Nolan, 25 ans, et du sergent britannique Frédéric Weight, 23 ans.
Et pour cause, les deux aviateurs sont aidés par des paysans locaux, et bientôt cachés chez Maria et Auguste Leroux à Saint-Souplet-sur-Py alors que leurs camarades semblent être arrêtés dans le secteur d’Hauviné à la frontière de la Marne et des Ardennes.
Nourris et cachés à Saint-Souplet-sur-Py, les deux sous-officiers sont pris en charge par Lucien Thirion, un résistant de Sommepy-Tahure qui les remet à un relais rémois. Ils sont dirigés vers Paris puis gagnent la frontière pyrénéenne et réussissent à rejoindre Gibraltar puis la Grande-Bretagne.
Le 5 août 1943, après avoir été interrogés par les services spéciaux, ils embarquent pour l’Angleterre et arrivent à Liverpool le 11 août 1943. Le Canadien Douglas Nolan est revenu en France voir les Leroux en 1962 et une autre fois en 1969. Il leur a remis un témoignage de gratitude pour leur courage en présence du maire de l’époque Robert Deville.
Frédéric Weight n’est jamais revenu mais a longtemps écrit à la famille Leroux tous les ans pour la bonne année. Lorsque Maria Leroux est décédée après son mari Auguste, la Royal Canadian Air Force a envoyé une plaque pour qu’elle soit déposée sur leur sépulture. Des membres de la famille Guy et Anne Coutin ont précieusement conservé la tenue de l’un des deux aviateurs.
Ces chroniques historiques mettent en valeur tous ces combattants des équipages des bombardiers de la RAF qui ont assurés des missions en territoires ennemi. Avec des hommes jeunes (18 ans) et moins jeunes, tous soudés dans le combat. Des commandants de bord qui restent au commande pour permettre quand c’est possible d’évacuer l’appareil. Merci pour ces chroniques intéressantes pour cette période que nous ne devons pas oublier.